Madagascar : Un Chemin Vers l’Émancipation et le Développement

6/22/20246 min read

woman wearing green dress while walking
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Madagascar, terre d'accueil et d'innovation, trace son propre chemin vers l'émancipation et le développement durable. Son histoire mouvementée et sa détermination face aux défis font naître l'espoir d'un avenir radieux.

Un récit d'épreuves et d'espoirs

Depuis la colonisation jusqu'à l'indépendance, notre pays a traversé des épreuves qui ont forgé son identité et sa détermination. Le peuple Malagasy a toujours milité pour sa liberté. Tout au long de la période coloniale, des mouvements de résistance s'étaient opposés à l'occupation de l'île tels que les Menalamba, la VVS, le PANAMA, la JINY et le MDRM. Ces luttes ont montré que le peuple Malagasy n'était pas une nation soumise ou docile, au contraire la colonisation a fait émergé un sentiment d'appartenance commune à une terre et une tradition.

Vers l'indépendance et les aspirations d'un pays jeune

A l'aube de l'indépendance en 1960, le PIB par habitant de Madagascar s'élevait à 132 dollars américains, un chiffre modeste à l'époque. Pourtant, le pays disposait d'atouts uniques en Afrique et en Asie. Son économie montrait un certain potentiel, en particulier dans le domaine des exportations de produits de rente comme la vanille et le café.

Il faut quand même le dire, même si c'était dans leur responsabilité en tant que pays occupant, que la colonisation a  quand même doté le pays de routes, de chemins de fer, des ports, des aérodromes. Le modèle économique était certes tourné vers l'exportation au profit de la France, mais avant la colonisation, Madagascar vivait en quasi autarcie et le commerce avec l'extérieur consistait à se procurer des produits manufacturés européens et à exporter des boeufs vivants, de la caoutchouc, la raphia. Le système économique était cel des ancêtres, chaque clan ou groupe assurait sa propre consommation.

La jeune République malgache naissante devait construire son avenir avec une société majoritairement rurale et une industrialisation limitée. Malgré ces obstacles, Madagascar avait le potentiel de devenir un pays développé.

Cycles d'expansion économique et crises politiques

Les années 60 ont été marquées par une croissance économique lente contrastant avec une augmentation démographique importante. Sur le plan politique, la contestation du néo-colonialisme et la quête d'une véritable indépendance se sont intensifiées, notamment à Antananarivo. C'est là que le concept de "malgachisation" a émergé, reflétant le désir légitime de revendiquer le destin du pays face à l'influence persistante des Français.

En 1972, la grève estudiantine, s'est transformée en manifestation politique après l'arrestation de centaines d'étudiant et a conduit à la chute de la première république. Les idées de gauche, portées par les étudiants et la classe moyenne urbaine, ont marqué cette période. L'armée contraint par les événement et après la remise des pleins pouvoirs au Général Ramanantsoa a pris en main la direction de l'État. Une politique incarnant l'aspiration à une seconde indépendance et à l'émancipation de toute forme de tutelle, marquée par la "malgachisation" allait être mise en oeuvre. L'État a joué un rôle crucial en amorçant la nationalisation des industries détenues par des capitaux français et surtout la sortie de la zone franc.

La 2ème République d'inspiration socialiste a poursuivi la  "malgachisation", c'était l'époque des investissements à outrance et l'étatisation de l'économie. Mais malgré ces mesures, la majorité de la population rurale est restée en marge de ce processus. Face à une dette croissante en 1982, Madagascar a signé des accords de prêts avec le FMI, amorçant une libéralisation progressive de l'économie.

De 1983 à 1987, des mesures de stabilisation financière et d'ajustement structurel ont permis une croissance économique annuelle de 1,42 %, contrastant avec la régression de 5,2 % observée entre 1980 et 1982. À partir de 1988, le taux de croissance économique a dépassé le taux d'accroissement démographique de 2,8 % (atteignant 3,4 % en 1988, 4,21 % en 1989 et 3,1 % en 1990), entraînant une amélioration du revenu par habitant. La crise politique de 1991 a interrompu cette phase de croissance et il a fallu attendre 1996 pour renouer avec l'expansion économique.

Une analyse approfondie publiée dans Afrique contemporaine (2014/3, n° 251) par Mireille Razafindrakoto, François Roubaud et Jean-Michel Wachsberger, intitulée "Élites, pouvoir et régulation à Madagascar", souligne que la faible capacité du pays à instaurer un consensus politique stable autour de la répartition des richesses et du pouvoir est l'une des principales causes de ses difficultés économiques. L'article identifie six grandes périodes de l'histoire de Madagascar,chacune marquée par une rupture et sans véritable résolution des contradictions fondamentales du système. Ce schéma cyclique d'expansion économique suivie de crise politique s'est malheureusement perpétué.

La crise de 2002 a anéanti les gains de croissance accumulés entre 1996 et 2002, faisant exploser le taux de pauvreté au-delà de 70 %. La croissance qui a suivi a principalement permis de rattraper les effets négatifs de la crise politique. Le pays a replongé dans la stagnation après la crise de 2009. Depuis 2014, Madagascar connaît une période de croissance modérée.

L’histoire est immuable, forgée par les événements qui se sont produits dans les circonstances propres à chaque période. Chaque lutte, même si les résultats économiques n’étaient pas toujours au rendez-vous, a contribué à la construction de notre histoire commune. À nous d’en tirer les conséquences pour le présent, afin d’éviter de répéter constamment les mêmes erreurs.

Vers un avenir prometteur

Une étape historique a été franchie en 2019 avec la première alternance démocratique entre deux présidents élus. Cette stabilité politique est essentielle pour favoriser la croissance économique et l'expansion. La crise sanitaire de 2020-2021 a certes effacé les gains d'une décennie de croissance fragile, mais Madagascar conserve des fondamentaux solides pour l'avenir.

La composition de l'Assemblée nationale issue des élections législatives devrait permettre la formation d'une majorité gouvernementale, garantissant ainsi la stabilité politique nécessaire à la mise en œuvre des réformes déjà présentées.Celles-ci s'articulent autour de trois piliers essentiels :

  • Le capital humain : l'éducation et la santé sont les moteurs du développement durable et de la prospérité future de Madagascar.

  • La transformation économique basée sur l'agriculture et l'industrialisation : l'exploitation du potentiel agricole et la diversification de l'économie sont cruciales pour créer des emplois et des richesses.

  • La bonne gouvernance : la lutte contre la corruption, la transparence et le respect de l'État de droit sont des conditions indispensables pour instaurer la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux.

L’accord conclu le 21 juin avec le FMI, portant sur un montant de 658 millions de dollars, envoie un signal fort au secteur privé et aux partenaires techniques et financiers. Il renforce la crédibilité de la politique budgétaire et de la stratégie économique de Madagascar.

Au-delà des clivages politiques, l’unité nationale demeure essentielle. Le respect des valeurs républicaines, la préservation des libertés publiques et l’application de l’État de droit sont les fondements d’une société harmonieuse et prospère. La liberté doit s’exercer dans le cadre du respect de l’ordre public et de la vie collective.

Les Perspectives économiques de Madagascar soulignent l’importance de réformes ambitieuses pour stimuler la croissance et renforcer la résilience économique. En investissant dans la numérisation de l’économie, les infrastructures et le capital humain, Madagascar pourra atteindre ses objectifs de développement durable et assurer un avenir meilleur à sa population.

Croissance attendue de 4 à 4,6% pour les deux prochaines années

L'économie malgache est sur une trajectoire de croissance positive, avec des projections prévoyant une expansion de 4 à 4,6% pour les deux prochaines années. Si nous réussissons à maintenir ce rythme modeste, dans 5 ans le taux de pauvreté serait réduit à 70% au lieu de 75% actuellement. Bien évidemment, avec des réformes plus ambitieux et la volonté de changer de paradigme, nous pouvons espérer un taux de pauvreté en dessous de 70%.

Potentiel pour une croissance à 7% d'ici la fin du mandat présidentiel

Si les réformes en cours se poursuivent et que l’environnement macroéconomique reste favorable, Madagascar a le potentiel d’atteindre une croissance économique de 7 % d’ici la fin du mandat présidentiel en cours. Cette croissance soutenue pourrait contribuer à réduire la pauvreté, à créer des emplois et à améliorer le niveau de vie de la population. Elle pourrait également propulser notre pays vers la catégorie des nations à revenu intermédiaire dans les 20 prochaines années. Les jeunes de 20 ans d’aujourd’hui vivront alors dans un pays légèrement plus prospère, tandis que ceux qui ont actuellement 30 ou 40 ans pourront espérer aborder leur retraite avec un optimisme renouvelé. Il incombe à chacun de contribuer à l’avènement d’un Madagascar fort, prospère et harmonieux.