REFORME ET MODERNISATION DE L'ETAT

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JPRM

5/31/20244 min read

Les études menées par les organisations internationales et les ONG intervenant à Madagascar, ainsi que les rapports nationaux sur la mise en œuvre de la politique générale de l’État au cours de la dernière décennie, ont tous démontré que la gouvernance est l’un des principaux facteurs du sous-développement dans notre pays. Malgré plusieurs réformes engagées pour améliorer la gouvernance publique, les résultats sont restés insatisfaisants.

LA GESTION AXÉE SUR LES RÉSULTATS

Selon la Banque mondiale, la croissance économique moyenne à Madagascar est restée extrêmement basse au cours des dernières décennies, insuffisante pour compenser le taux d’accroissement rapide de la population.

La gestion axée sur les résultats constitue aujourd’hui le pilier de toute stratégie de développement. Les pays asiatiques et africains ayant connu un développement rapide ont adopté ce modèle pour provoquer leur décollage économique. Madagascar devra se doter d’un nouvel outil de planification stratégique incluant :

- Un état des lieux de la pauvreté.

- Une description des politiques, programmes macroéconomiques, structurels et sociaux à mettre en œuvre pour promouvoir la croissance et réduire la pauvreté.

Cette stratégie de développement axée sur les résultats suppose des objectifs clairement définis et hiérarchisés par priorité, correspondant à des résultats mesurables en termes de développement.

La réforme budgétaire : clarification des choix politiques de l’État et des moyens alloués à leur mise en œuvre

Les rapports PEFA (Public Expenditure and Financial Accountability) soulignent que Madagascar a fait des efforts pour améliorer la gestion des finances publiques, mais les résultats sont mitigés. La mise en œuvre opérationnelle de ces réformes souffre d’insuffisances affectant la fiabilité et l’efficacité du dispositif. La qualité de l’emploi des fonds publics et le service fait ne sont pas suffisamment contrôlés, les corps d’inspection et la Cour des comptes manquent de moyens.

Le budget est le principal instrument d’intervention de l’État pour orienter le développement. Dans le cadre de la gestion axée sur les résultats, l’État doit modifier radicalement la structure de son budget, Il est temps de mettre réellement en œuvre le budget programme qui a été adopté depuis 2004. Il faut passer de la logique de moyens à une logique de résultats. Le budget programme devra être articulé autour de la stratégie de développement adopté par le gouvernement, avec des choix politiques clairement identifiés et des moyens alloués à leur mise en œuvre.

Réforme de l’administration publique : maîtrise des dépenses de fonctionnement et amélioration de la qualité des services rendus aux citoyens

La lenteur administrative est persistante à Madagascar, avec un délai moyen de traitement de 60 jours pour un dossier. La qualité des services est insatisfaisante dans la plupart des administrations. Selon une étude, le taux d’absence des fonctionnaires est de 2h34min par jour, représentant un gaspillage pour les finances publiques. La décentralisation et la déconcentration restent faibles, avec seulement 5 % du budget national transféré aux collectivités territoriales.

La réforme de l’administration publique doit améliorer la qualité et l’efficacité des services rendus aux citoyens, transformant la relation administration-administré en un rapport de type entreprise-client. La satisfaction des attentes des usagers sera prioritaire, avec une simplification des procédures administratives. La réforme doit également renforcer la déconcentration et la décentralisation, rapprochant les décisions publiques des bénéficiaires.

Réforme de la fonction publique : amélioration de l’efficacité de l’administration et du niveau de vie des fonctionnaires

La fonction publique compte aujourd’hui environ 200 000 agents. Madagascar devra se doter d’une fonction publique compétente et intègre pour moderniser l’administration.

La gestion rationnelle de la fonction publique doit réduire les dépenses de fonctionnement de l’État tout en améliorant l’efficacité administrative et le niveau de vie des fonctionnaires. Il s’agit d’adopter des certaines méthodes de gestion du secteur privé pour améliorer l’efficacité des agents publics. L’évaluation des agents pourrait être basée sur l’atteinte d’objectifs précis, ouvrant la voie à une réforme de la rémunération avec des primes de performance. La réforme de l’État devra aller de pair avec la bonne gouvernance pour gérer les ressources consacrées au développement de manière efficace.

LA BONNE GOUVERNANCE

Les ressources nationales doivent servir à promouvoir la croissance économique. L’étatisme a souvent favorisé la corruption et la mauvaise gestion. Il est essentiel d’assainir la gestion publique pour que les ressources nationales promeuvent la croissance économique. Les quatre piliers d’une gestion saine et efficace de l’État sont : la responsabilité, la transparence, la suprématie du droit et la participation.

La responsabilité : promouvoir l’intégrité des gouvernants et des titulaires de mandat public

Malgré la création de des organes indépendants de lutte contre la corruption, la corruption gangrène une grande partie des piliers d’intégrité du pays. Cette situation décourage les investisseurs et favorise une économie informelle échappant au contrôle des pouvoirs publics.

Tous ceux exerçant un mandat public doit rendre des comptes sur l’exercice du pouvoir et l’utilisation de l’argent des contribuables. Les organes de contrôle indépendant doivent avoir les moyens de vérifier la régularité et l’efficacité de la gestion financière et administrative.

La transparence : établir un climat de confiance avec les citoyens et les partenaires

Les intentions de l’Etat doivent être connues de tous, avec une transparence dans le budget, la réglementation et les marchés publics. L’accès à des informations fiables facilitera les décisions d’investissement et encouragera les investissements en établissant un climat de confiance.

La suprématie du droit : garantir un système judiciaire indépendant et intègre

Il est impératif de disposer d’un système judiciaire clair, appliqué systématiquement et équitablement pour encourager les investissements et assurer une véritable croissance économique.

La participation : améliorer l’action publique par la participation citoyenne

La participation citoyenne doit être encouragée pour que les choix politiques soient décidés en concertation avec les bénéficiaires. Cela facilitera le changement en associant ceux concernés à la conception et à la mise en œuvre des politiques publiques.

Madagascar, bien que parmi les pays les plus pauvres, possède un immense potentiel en ressources naturelles pour assurer son développement. Une transformation radicale est nécessaire pour améliorer la gouvernance et faire en sorte que les richesses du pays profitent pleinement à la population. Cette transformation requiert une volonté politique réelle et une société civile forte pour surveiller et dénoncer les dérives en matière de gouvernance.